En mai 2025, Dealroom a publié son Global Tech Ecosystem Index, une analyse de 288 écosystèmes technologiques dans 69 pays. L’objectif : fournir une grille de lecture multi-dimensionnelle de l’innovation mondiale, à travers trois lentilles :
- SCALE (valeurs absolues)
- DENSITY (par habitant)
- GROWTH (dynamique de croissance)
1. Global Champions : Paris #4 mondial
Paris se hisse au 4ème rang mondial des écosystèmes tech, juste derrière la Bay Area, New York et Boston. Cette performance repose sur plusieurs piliers :
- Un vivier de talents alimenté par les grandes écoles d’ingénieurs et d’universités de recherche.
- Une montée en puissance rapide sur les deeptechs et l’IA.
- L’arrivée à maturité d’une génération de serial entrepreneurs.
- Un environnement réglementaire et fiscal plus lisible.
- Le soutien croissant des fonds internationaux.
Station F, l’AI Action Summit ou encore le dynamisme de France Digitale ont contribué à la visibilité internationale de la place parisienne.
2. Les écosystèmes à suivre
Trois catégories permettent d’observer les dynamiques d’innovation :
- Global Champions : Paris, Austin, Londres, Tel Aviv.
- Density Leaders : Cambridge UK, Munich, Oxford, Stockholm.
- Rising Stars : Lagos, Istanbul, Pune, Belo Horizonte.
L’analyse Dealroom montre que la performance n’est plus réservée aux seuls hubs historiques. Lagos affiche une croissance de 11,6x de la valeur de son écosystème depuis 2017, dans un contexte d’infrastructures fragiles mais d’agilité entrepreneuriale hors norme.
3. Capteurs de tendances : l’IA et la deeptech à la manoeuvre
Deux verticales clés dominent l’agenda de l’innovation 2024-2025 :
- IA : 33% des fonds VC mondiaux en 2024 sont allés vers l’IA. Paris est dans le top 10 mondial des hubs IA (aux côtés de Tel Aviv, Cambridge, Boston).
- Deeptech : la résilience de ce segment (seulement -13% par rapport au pic 2021, contre -62% pour le reste du tech) confirme sa place dans les portefeuilles d’investissement stratégiques.
L’Europe, bien que derrière les US en montants, capte une part croissante de la création de valeur dans ces secteurs, grâce à un lien fort entre recherche publique et entrepreneuriat.
4. Ce que cela signifie pour les territoires
L’indice 2025 démontre que :
- L’innovation est devenue globale, décentralisée, et contextuelle.
- Les politiques publiques orientées vers les talents et la recherche paient.
- L’ancrage local (coûts, univers, réglementations) devient un levier clé de différenciation.
Il ne s’agit plus seulement d’attirer des startups, mais de créer les conditions pour qu’elles grandissent ici.
5. Que faire avec cette donnée ?
Pour les acteurs publics et privés :
- Cartographier les forces locales à l’aune de ces trois lentilles (taille, densité, dynamique).
- Concentrer les efforts sur les ponts recherche – startups – marché.
- Penser l’international non comme une destination, mais comme une dimension native de l’écosystème.
Pour les innovateurs :
- Identifier les hubs en affinité avec leur stade de maturité et leur thématique.
- Ne pas sous-estimer le potentiel des villes « secondaires » à forte densité.
- Anticiper les défis structurels (coûts, accès au capital, talent) à chaque étape.
6. Conclusion
L’index de Dealroom ne fournit pas de vérités absolues. Il offre un outil d’analyse stratégique. Les écosystèmes d’innovation ne se copient pas. Ils se cultivent.
Pour Paris, le message est clair : la reconnaissance est là. Mais l’enjeu est de consolider. Transformer l’élan en stabilité, l’attention en ancrage, et la croissance en impact.
Et pour les autres territoires ?
Il n’y a plus d’excuse.
Par 23mars. Pour aller plus loin : Inscrivez-vous à notre newsletter